À quoi servent les pesticides ?
L’utilisation de pesticides est aujourd’hui indissociable de l’agriculture intensive, qui nourrit la majorité des êtres humains sur Terre. Si la nature parfois toxique des pesticides et leur utilisation est souvent critiquée, leur large usage repose sur une utilité bien réelle. Dans les faits, dans le cadre de l’agriculture intensive, les pesticides servent à protéger les cultures, à sécuriser les récoltes et l’approvisionnement alimentaire, mais aussi à préserver la qualité des aliments. Les pesticides sont devenus tellement utiles qu’on parle aujourd’hui de produits phytosanitaires ou même phyto pharmaceutiques, des termes bien plus accrocheurs que “pesticide”.
Protéger les cultures des agressions extérieures
Comme évoqué précédemment, les pesticides ont différents rôles au sein de l’agriculture intensive. Parmi les usages des pesticides figure notamment la protection des cultures des agressions extérieures. Pourquoi protéger les cultures et quels pesticides utiliser pour cela ?
Pourquoi doit-on protéger les cultures ?
Depuis toujours, le rôle premier des pesticides est d’empêcher la détérioration des cultures par d’autres éléments naturels. Par ailleurs, la dégradation des cultures peut parfois se transformer en destruction, selon les éléments qui s’y attaquent. Les éléments naturels pouvant détériorer les cultures sont souvent appelés parasites, nuisibles ou encore ravageurs.
De nombreux organismes vivants peuvent s’attaquer naturellement à des plantes cultivées par l’Homme, sans pour autant avoir la volonté première de les ravager. Les cultures pouvant être dégradées par différents éléments sont notamment les céréales, les fruits, les légumes, les fleurs, etc.
Il est important de souligner que les espèces nuisibles ne le sont devenues que suite à la modification de leur environnement naturel. Cette modification peut être opérée par la présence de cultures humaines, ou encore par leur introduction dans des régions où les plantes ne sont pas équipées pour s’en protéger.
Différents types de pesticides contre différentes menaces pour les cultures
Tout d’abord, l’appellation pesticide est un terme générique. Il existe en effet différentes substances conçues pour éradiquer certaines espèces vivantes ou certaines catégories d’espèces. De ce fait, il est possible d’utiliser différents types de produits phytosanitaires pour protéger les cultures des potentielles agressions.
Les pesticides les plus utilisés sont les :
- insecticides, qui permettent de lutter contre les insectes, les arachnides et autres types de larves (doryphores, pucerons, charançons, etc.) ;
- fongicides, pour lutter contre les champignons phytopathogènes, soit ceux qui attaquent les cultures. Il existe d’ailleurs une grande variété de champignons pathogènes tels que les fusarium ou encore l’oïdium ;
- herbicides, aussi connus sous le nom de désherbant ou de débroussaillant. Ils regroupent aussi bien les désherbants que les défanants et les anti-germes ; il est aussi possible de parler de phytocide. Quelle que soit leur appellation, les herbicides luttent contre les parasites d’origine végétale, aussi appelés mauvaises herbes ou plantes invasives (adventices), qui vivent au détriment des cultures ;
- parasiticides, une catégorie de pesticides qui regroupe tous les produits utilisés contre les autres types de parasites, comme les bactéries, les virus, les rongeurs, les limaces ou encore les oiseaux.
Cette diversité de pesticides s’explique notamment par la grande variété d’espèces considérées comme nuisibles. Par ailleurs, ces espèces développent des résistances naturelles aux pesticides les plus utilisés, ce qui oblige l’Homme à en créer de plus puissants.
Quelques chiffres clés
C’est le nombre de milliers d’hectares cultivables en France, soit la moitié du territoire national.
La part des sols européens qui manque de matières organiques indispensables à leur fertilité est de 45%.
Le rendement des champs de maïs et de blé a été multiplié par 4 entre 1950 et 2000.
Sécuriser les récoltes et l’approvisionnement alimentaire
À travers les usages des pesticides se trouve la sécurisation des récoltes et de l’approvisionnement alimentaire. Cette obligation pour les agriculteurs justifie en effet l’utilisation de différents produits phytosanitaires. Qu’entend-on par la sécurité des récoltes et de l’approvisionnement alimentaire ?
Augmenter le rendement agricole pour accompagner l’augmentation de la population
Sécuriser l’approvisionnement alimentaire, c’est anticiper les quantités nécessaires selon la population. Dans les faits, utiliser des pesticides permet d’augmenter artificiellement le rendement productif d’une parcelle agricole. Ainsi, en utilisant des produits phytosanitaires, les agriculteurs s’assurent de pouvoir subvenir aux besoins alimentaires malgré l’augmentation de la population. Par exemple, trois traitements pesticides permettent de produire moins de 50 quintaux de blé par hectare, tandis que 8 traitements phytosanitaires se traduisent par 90 quintaux de blé par hectare.
L’utilisation des pesticides pour augmenter le rendement s’inscrit en fait dans une mécanisation et une industrialisation des procédés agricoles. Ces procédés sont mis en place pour nourrir une plus grande population, mais aussi pour exporter des produits agricoles. Par ailleurs, dans ce modèle, les pesticides assurent la pérennité de la production, qui est alors moins exposée aux menaces d’une épidémie par exemple.
Permettre l’approvisionnement alimentaire mondial
Entre 1950 et aujourd’hui, la population mondiale a triplé. Cette donnée se traduit par des besoins croissants en termes d’approvisionnement alimentaire. Pour faire face à une population en perpétuelle évolution, les pesticides sont un allié. En effet, si l’usage de certains produits phytosanitaires est controversé (le glyphosate par exemple), d’autres pesticides plus naturels constituent une aide incontestable.
Vu sous cet angle, utiliser des pesticides dans des cultures permet finalement d’assurer la sécurité alimentaire mondiale, notamment en permettant l’importation de modèles agricoles occidentaux. Cette importation a surtout lieu dans des latitudes tropicales dans lesquelles les espèces parasitaires n’ont de cesse de se multiplier. Pourtant, malgré ses avantages, le modèle de l’agriculture intensive semble arriver à ses limites :
- appauvrissement des sols ;
- stagnation de la production de blé en France depuis les années 90 ;
- réchauffement climatique ;
- coût financier des pesticides, etc.
Il existe des pesticides naturels, qui ne polluent donc pas les sols comme peuvent le faire les produits phytosanitaires aujourd’hui controversés. Ainsi, il est possible de trouver des alternatives aux méthodes de l’agriculture intensive pour mieux respecter la planète tout en continuant de nourrir les populations.
Des pesticides pour soutenir une agriculture intensive et un modèle de consommation
D’une façon générale, on constate surtout que les pesticides permettent de préserver un modèle agricole bien particulier. Il apparaît effectivement que :
- la chimie de synthèse, donc les pesticides, remplace les équilibres naturels lorsque les cultures sont coupées de leur écosystème ;
- l’agriculture suit un modèle industriel puisqu’il y a moins d’agriculteurs, mais plus de machines et de produits phytosanitaires ;
- les produits agricoles sont des produits comme les autres sur un marché mondialisé : exportations, monocultures, besoin de rentabilité à court terme, etc.
Si le modèle agricole intensif a fait ses preuves sur les plans du rendement et de l’efficacité productive, il soulève de véritables défis en matière d’environnement et de santé publique. En effet, l’usage de pesticides chimiques est controversée car :
- il est tout à fait possible de préserver les cultures des parasites par des méthodes naturelles, sans pesticide de synthèse, comme le fait l’agriculture biologique par exemple ;
- la culture délocalisée d’espèces (le maïs en Europe, le soja en Amérique du Sud ou encore le blé en Afrique) demande beaucoup de pesticides et pourrait être remplacée par des cultures locales moins dépendantes de la chimie de synthèse (OGM par exemple) ;
Pour résumer, le recours à des circuits courts, à une consommation locale et plus responsable, mais aussi à de plus petites surfaces cultivées permet de réduire l’usage des pesticides tout en conservant un bon rendement.
Les pesticides ont divers usages, qui sont parfois indispensables au bon rendement des cultures. Toutefois, il est possible de remplacer les pesticides chimiques par des produits naturels, qui n’auront pas, ou beaucoup moins, de conséquences négatives sur l’environnement.
- les pesticides naturels permettent aussi bien que les pesticides chimiques de lutter contre des parasites ravageurs de cultures, et donc de garantir l’approvisionnement mondial en nourriture ;
- tous les pesticides ne sont pas des produits chimiques de synthèse. Il existe des méthodes de contrôle des nuisibles plus respectueuses de l’environnement (pesticides naturels).
- l’utilisation intensive de pesticides s’inscrit dans une logique d’industrialisation des méthodes de production agricoles qui détériorent l’environnement ;
- l’augmentation du rendement des cultures stagne depuis les années 1990 en Europe, notamment à cause de l’appauvrissement des sols causé par l’utilisation de pesticides.
Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation : santé et protection des végétaux
Food and Agriculture Organization : informations chiffrées sur l’agriculture en France
Le Monde : à quoi servent les pesticides, qui se retrouvent dans notre alimentation ?