Les biopesticides, qu’est-ce que c’est ?

Tout d’abord, d’un point de vue sémantique, biopesticide est un terme formé de deux mots :

  • bio, qui veut dire “vie” en grec ;
  • pesticide, qui signifie littéralement “tuer les pestes”.

Il apparaît donc que le mot biopesticide se compose de deux terminologies finalement opposées (vie VS tuer). En revanche, il semblerait que le terme “bio” soit ici utilisé, non pas pour décrire la vie, mais plutôt pour faire écho aux méthodes d’agriculture biologique que respectent ces pesticides naturels.

Il est possible de définir un biopesticide comme étant un pesticide d’origine naturelle ne contenant pas de composante chimique. L’apparition des biopesticides a lieu suite aux divers scandales liés à l’utilisation de pesticides de synthèse, polluants et dangereux pour la santé.

Les biopesticides sont les seuls pesticides pouvant être utilisés dans l’agriculture biologique. Dans les faits, comme son nom l’indique, l’agriculture biologique suit des procédés stricts en termes de respect de la nature et de l’environnement.

Une autre définition des biopesticides est courante. Ces produits peuvent en effet être décrits comme étant des organismes vivants ou des produits issus de ces organismes permettant de limiter ou de supprimer les ennemis des cultures. Quelle que soit la définition qui en est faite, les biopesticides sont utilisés depuis de très nombreuses années par les paysans et les fermiers.

Quelques chiffres clés

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3

Il existe à ce jour 3 principales catégories de biopesticides.

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35%

C’est le pourcentage de pertes de production des cultures majeures mondiales dues aux ravageurs (adventices, insectes, micro-organismes). Sans une protection efficace contre les ravageurs, ce pourcentage pourrait s’élever à 70% !

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-50%

Le plan Écophyto 2018 ayant fait sujet lors du Grenelle Environnement 2007 avait pour but de réduire de 50% la quantité de pesticides chimiques utilisés en France d’ici 2018.

Les différentes catégories de biopesticides

Tout comme il existe diverses familles de pesticides de synthèse, nous pouvons retrouver différents types de biopesticides :

  • pesticides microbiens ;
  • pesticides biochimiques ;
  • phytoprotecteurs incorporés dans les plantes.

Biopesticides : les pesticides microbiens

Les pesticides microbiens composent l’un des trois types de biopesticides identifiés à ce jour. Ce type de produit phytosanitaire se constitue de bactéries, de champignons entomopathogènes ou encore de virus. Il est aussi possible de retrouver des métabolites produits par les bactéries ou les champignons au sein de cette famille de biopesticides. Par ailleurs, il peut arriver que les nématodes entomopathogènes soient classés parmi les pesticides microbiens. Pourtant, il s’agit d’organismes multicellulaires.

Pour résumer les pesticides microbiens en quelques mots :

  • c’est une famille de biopesticides ;
  • ils servent à contrôler les insectes, acariens, adventices ou encore certaines maladies ;
  • il s’agit d’organismes vivants comme des virus, des bactéries ou des champignons ;
  • ils se retrouvent à l’état naturel ou modifié en tant que biopesticide.

Les pesticides biochimiques, zoom sur cette famille de biopesticides

Les pesticides biochimiques sont des pesticides à base de plantes. Dans les faits, malgré l’emploi du terme “chimique”, il apparaît que ce sont des pesticides naturels. Les plantes sont des substances d’origine naturelle qui permettent de lutter contre les maladies microbiennes ou encore les rongeurs. Elles ont notamment le pouvoir de réguler les rongeurs dans le cas de phéromones.

Il existe donc des plantes naturelles permettant de lutter contre différentes attaques des cultures. Celles-ci constituent une alternative intéressante aux pesticides chimiques, qui, eux, sont à l’origine de divers maux de l’Homme et de la planète (pollution, maladies, etc.).

PIP : Phytoprotecteurs Incorporés dans les Plantes

La troisième famille de biopesticides se compose des phytoprotecteurs incorporés dans les plantes, aussi connus sous le nom de “PIP”. Que signifie ce terme qui semble, de prime abord, compliqué ?

Certaines plantes possèdent des gènes d’autres espèces. Ceux-ci sont incorporés dans leur matériel génétique. Les PIP désignent les substances produites par ce type de plantes. À savoir qu’il s’agit donc de plantes génétiquement modifiées, ce qui cause débat, notamment sur leur usage dans le cadre de l’agriculture biologique.

Le PIP le plus connu est la bactérie Bacillus Thuringiensis. Il s’agit d’un agent pathogène des lépidoptères, coléoptères et diptères. Bacillus Thuringiensis produit une toxine, la Bt pour être plus précis. Celle-ci est très controversée. Dans les faits, si ses fabricants la prétendent inoffensive, certains consommateurs la considèrent comme étant aussi dangereuse que des pesticides chimiques.

Le saviez-vous ?

Le terme biopesticide fait débat ! Dans les faits, certains consommateurs considèrent qu’un pesticide ne peut pas être biologique, notamment à cause de l’utilisation des PIP. Par ailleurs, les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés), à l’origine des PIP, font, eux aussi, débat.

Les biopesticides les plus utilisés

Il existe divers types de biopesticides, qui se classent en trois grandes familles. Parmi les biopesticides les plus utilisés figurent notamment :

  • le purin de plantes ;
  • le savon noir ;
  • les huiles (blanches et végétales) ;
  • la bouillie bordelaise.

Le purin de plantes

Il est possible d’utiliser du purin constitué de diverses plantes. Ce biopesticide peut en effet être issu de l’ortie, de l’absinthe, de la tanaisie ou encore de l’ortie. Quelle que soit la plante qui le compose, le purin de plantes figure parmi les biopesticides les plus utilisés.

Le purin de plantes s’avère être très efficace pour prévenir ou traiter les ravages causés par les insectes. Ainsi, ce biopesticide se substitue aisément aux insecticides chimiques. Il s’utilise en pulvérisation sur les feuillages. Par ailleurs, le purin de plantes peut aussi servir d’engrais, à condition d’être versé au pied des plantes.

Savon noir

Le savon noir est un savon liquide écologique, utilisé en tant que biopesticide. Il sert surtout à éliminer les insectes néfastes qui viennent dégrader les cultures. L’efficacité du savon noir en tant qui biopesticide se vérifie notamment sur les pucerons, les thrip, les aleurodes ou encore les acariens.

Si le savon noir sert d’insecticide, il permet aussi de lutter contre une maladie qui touche certaines espèces de plantes. Dans les faits, ce biopesticide lutte contre la fumagine, une maladie qui attaque particulièrement :

  • le laurier ;
  • les oliviers ;
  • les rosiers ;
  • les citronniers ;
  • divers arbres à agrumes.

Huiles en tant que biocide : huile blanche ou végétale ?

Les huiles peuvent être de très bons biopesticides. Il est, en effet, possible de les appliquer sur diverses plantations pour éliminer les insectes ou autres parasites qui s’installeraient dans les plantations.

Il existe une différence d’utilisation et d’efficacité entre les huiles blanches et les huiles végétales en tant que biopesticides :

  • les huiles blanches sont des huiles minérales, principalement utilisées en tant que biopesticides en hiver. Elles servent à déloger les parasites qui s’installent sur les feuillages, les bourgeons et l’écorce des arbres ;
  • les huiles végétales (colza, neem, ricin, etc.) qui sont utilisées en tant qu’insecticides et antifongiques.

Bouillie bordelaise

La bouillie bordelaise est un biopesticide constituant un traitement fongicide. En d’autres termes, ce mélange de sulfate de cuivre et de chaux permet de lutter contre les champignons. Ce biopesticide est principalement utilisé sur :

  • les arbres fruitiers ;
  • les plantes potagères ;
  • les vignobles.

Le biopesticide qu’est la bouillie bordelaise est majoritairement reconnu pour son efficacité contre les maladies cryptogamiques dues aux champignons. En termes d’utilisation, la bouillie bordelaise se présente sous forme de poudre qui se dilue dans l’eau, aussi appelée poudre hydrosoluble. Il suffit donc de pulvériser le feuillage au début du printemps pour profiter de ses bénéfices.

Ce qu’il faut retenir 

Il existe trois grandes familles de biopesticides à ce jour : les pesticides microbiens, les pesticides biochimiques et les phytoprotecteurs incorporés dans les plantes (PIP). En outre, il est possible d’utiliser des produits naturels comme des huiles ou encore du savon noir en tant que biopesticide. Ce type de produit phytosanitaire, quelle que soit sa composition, peut se substituer à des fongicides, des insecticides ou encore des herbicides chimiques et polluants.

Les avantages des biopesticides
  • les biopesticides permettent de protéger les cultures des ravageurs, en évitant de polluer et donc de dégrader la planète ;
  • la biodégradabilité des biopesticides est un de leurs atouts ;
  • ce type de pesticides diminue les effets non intentionnels sur les espèces non ciblées initialement.
Les controverses des biopesticides
  • il existe un débat sur l’utilisation et la définition du terme biopesticide ;
  • la vitesse d’action des biopesticides peut être moins rapide que les pesticides chimiques (toutefois, ils restent bien moins polluants et néfastes pour la santé et l’environnement) ;
  • les phytoprotecteurs incorporés dans les plantes (PIP) font débat car il s’agit de plantes génétiquement modifiées.