La permaculture à contre-courant de l’agriculture industrielle

Les effets de l’industrialisation de l’agriculture sont maintenant connus et montrent les limites de l’exploitation déraisonnable des sols. Ses conséquences sont multiples :

  • pollution des aliments, des cours d’eau, des nappes phréatiques, des sols et des organismes ;
  • appauvrissement et épuisement des sols finissant par nuire à la productivité ;
  • destruction des écosystèmes.

Partout où elle est employée, la standardisation des méthodes agricoles conduit à un appauvrissement de la vie. Cela se traduit, en quelques décennies, à une baisse de la productivité.

Les effets de l’agriculture intensive ne se limitent pas à la pollution des champs. Par exemple, il est maintenant connu que l’appauvrissement des sols réduit leur capacité à absorber l’eau de pluie. Cet appauvrissement devient donc un facteur aggravant dans les phénomènes de crues et d’inondation des zones habitées.

La destruction de la richesse des écosystèmes au profit d’un mode de production homogène et hégémonique affaiblit leur résilience. En d’autres termes, cette destruction réduit considérablement la capacité qu’ont les écosystèmes à se renouveler et à supporter les aléas de la vie végétale et animale. Pour éviter les effets néfastes de l’agriculture industrielle, la permaculture se développe.

Quelques chiffres clés

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1970

C’est dans les années 70 que le concept de permaculture voit le jour. Il est imaginé en Australie par David Holmgren et Bill Molisson.

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3

La permaculture répond à 3 principes : veiller au bien-être de la Terre, s’assurer du bien-être des Hommes et partager les ressources de façon équitable.

La permaculture pour augmenter la résilience des écosystèmes

La permaculture vise, contrairement à l’agriculture intensive, à respecter et à enrichir chaque écosystème afin d’augmenter sa résilience. Par résilience, nous entendons sa capacité à supporter de nouvelles conditions biologiques. Il s’agit de faire cohabiter des espèces de végétaux, d’insectes ou d’animaux, qui viendront à leur tour enrichir l’écosystème.

La plupart du temps, l’application de la permaculture consiste à créer un potager dans lequel légumes, plantes, insectes et petits animaux trouvent leur équilibre naturel. La composition de cet assemblage est appelée le design permaculturel. Le modèle de cet équilibre est la forêt. C’est la raison pour laquelle, à la base de ce procédé de culture, il y a le mulch. Le mulch, aussi appelé paillis, est un tapis de sol réalisé en papier, en carton, en paillage ou en bois. Il est destiné à reproduire la fertilité d’un sol forestier. Ce tapis conserve l’humidité et réduit ainsi les besoins en eau.

Le tapis de sol prive également les graines des mauvaises herbes de lumière et protège le sol des aléas des intempéries et du climat. La permaculture est appliquée à très petite échelle et, pour le moment, ne prétend en rien supplanter l’agriculture. Il s’agit plutôt d’une philosophie d’auto-suffisance, tant au niveau de l’écosystème que sur le plan de la production économique.

Le saviez-vous ?

Le terme permaculture avait initialement pour signification “agriculture permanente”. Plus tard, la signification du mot permaculture s’étend à “culture permanente”. Cette évolution est menée dans le but d’intégrer les dimensions psychosociales et pédagogiques essentielles à la durabilité d’un système.

Comment fonctionne concrètement la permaculture ?

Dans les faits, la permaculture contemporaine relève davantage d’un volontarisme ou du militantisme que d’une philosophie du non-agir. De nombreuses recettes à appliquer sont données pour promouvoir cette pratique. À noter que les recettes sont à adapter à chaque contexte.

Remplacer le chimique par le naturel

L’objectif de la permaculture est de produire des aliments, qu’il s’agisse :

  • de légumes ;
  • d’herbes ;
  • ou de fruits.

Dans le modèle de la permaculture, chaque fonction traditionnellement effectuée à la main par l’Homme, des machines ou des produits chimiques est remplacée. Le remplacement se fait par un être vivant aux fonctions correspondantes, dans la mesure du possible.

En outre, en permaculture, les engrais chimiques sont remplacés par des engrais verts. Les engrais verts sont des plantes qui vont chercher et retenir les nutriments dans le sol. Parmi ces engrais se trouvent notamment :

  • les trèfles ;
  • la moutarde ;
  • le sarrasin ;
  • le seigle.

La présence d’une haie ou d’une mare permet de créer un microclimat plus stable et plus favorable à la permaculture. Par ailleurs, la proximité d’un arbre aux grandes branches et aux larges racines permet de créer de l’humus et de l’argile. En outre, l’arbre retient les nutriments dans le sol. Il s’agit ainsi de créer des synergies entre différentes espèces animales et végétales, et notamment entre des légumes, des plantes et des animaux.

Créer sa propre permaculture, comment faire ?

Pour créer son jardin en permaculture, il faut acheter les pousses et les semis au conservatoire local d’espèces de chaque région. Chaque espèce naturelle aura une fonction spécifique dans l’écosystème. Les plantes indésirables qui naissent en premier sont des “bio-indicateurs”. Dans les faits, elles sont considérées comme la première réponse de la nature pour amener l’écosystème à son point d’équilibre. Telle fleur indique, par exemple, un sol trop azoté. Pour remédier à ce problème, il suffit de répandre du bois broyé, qui permettra de décharger le sol d’azote grâce à ses propriétés d’absorption.

En permaculture, il ne faut pas récolter tous les légumes la première année ! Il faut les laisser fleurir, afin qu’ils ensemencent eux-mêmes le jardin. Les semis spontanés des légumes germent, en effet, à la place la plus favorable à leur croissance. De ce fait, ils sont plus résistants aux parasites et aux limaces. Par ailleurs, pour lutter contre les parasites et les limaces, il est conseillé de privilégier un canard ou un hérisson aux poules. Dans les faits, les poules pondent des œufs, mais elles remuent surtout les semis en grattant le sol.

Il est de mise d’attirer les insectes permettant d’aérer le sol et de polliniser les plantes. Pour ce faire, il faut faire pousser des fleurs. En outre, il est aussi essentiel d’avoir des araignées et des coccinelles dans une permaculture. Ces insectes sont effectivement les prédateurs d’autres insectes nuisibles et protègeront alors votre permaculture. Ainsi, les différentes espèces cohabitant en permaculture créent un environnement favorable au développement de chacune d’entre elles.

Ce qu’il faut retenir 

La permaculture est un mode de culture qui vise à créer des installations humaines qui, à l’instar des écosystèmes naturels, sont :

  • durables ;
  • résistantes ;
  • économes en travail ;
  • économes en énergie.
Les +
  • la permaculture est un moyen écologique de subvenir à ses besoins alimentaires tout en protégeant les espèces animales et végétales ;
  • ce mode de production ne demande pas beaucoup d’énergie, puisqu’il s’appuie sur une autosuffisance naturelle.
Les -
  • la permaculture n’est, à ce jour, pas très développée ;
  • remplacer le modèle d’agriculture intensive par la permaculture suppose de très grands changements et est alors un immense défi.