Le point sur la recherche scientifique

La science s’est, bien sûr, intéressée au cas du glyphosate. Dans les faits, il s’agit avant tout d’un produit chimique utilisé comme désherbant aussi bien par les particuliers que les agriculteurs. Où en est la recherche scientifique dans ses investigations sur le glyphosate ?

Glyphosate : fonctionnement et conséquences

Les recherches scientifiques sur le glyphosate sont nombreuses. Leurs principaux travaux reposent sur le fonctionnement et les conséquences du glyphosate. Zoom sur le principe du glyphosate : comment ce produit agit-il et quels en sont les effets, positifs comme négatifs ?

Le fonctionnement du glyphosate

Le fonctionnement du glyphosate est assez radical, puisqu’il s’agit d’un herbicide total. Dans les faits, le glyphosate fonctionne comme un acide aminé : il va éliminer une enzyme végétale naturelle indispensable au processus de la photosynthèse. Par ce principe, le glyphosate éradique ce qu’on appelle communément les mauvaises herbes. Il apparaît donc que le pesticide agit sur l’ensemble de la plante de manière systémique. Ainsi, le végétal peut être tué, même si ses racines n’ont pas été en contact avec le glyphosate.

L’usage du glyphosate semble être facile et pratique pour les agriculteurs. Le produit agit, en effet, directement sur les plantes présentes sans pour autant empêcher l’utilisation ultérieure du terrain. Ce produit phytosanitaire peut être couplé à des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) conçus spécialement pour lui résister. Cela permet d’utiliser le glyphosate à tout moment, sans compromettre la récolte.

Les conséquences du glyphosate

Là où le glyphosate pose véritablement problème, c’est sur la pénétration des plantes. En effet, le produit pénètre mal les plantes et ne se fixe pas à leur surface. Il doit donc être couplé à des tensioactifs, des agents de surface variés dont la toxicité est mal étudiée, et souvent mal connue. Les effets de ce mélange détonant peuvent être : perturbation endocrinienne, risques cancérigènes, etc.

Concernant les conséquences du glyphosate, elles s’adressent aussi bien aux Hommes qu’à la planète. Dans les faits, le glyphosate contient des produits de dégradation (comme AMPA, Acide aminométhylphosphonique) qui peuvent contaminer durablement les sols et l’eau. Cette contamination peut s’observer même lorsque le glyphosate n’est plus actif.

L’accumulation des polluants dans les sols, et notamment du glyphosate, peut mener à l’appauvrissement des terres cultivables, mais aussi des eaux. Qu’elles soient souterraines ou superficielles, les eaux sont aussi contaminées par le glyphosate, dont les effets néfastes sont alors multiples.

Face à une menace, la nature ne se laisse pas faire. Il n’est en effet pas rare que les espèces, qu’elles soient végétales ou animales, évoluent selon les dangers auxquels elles sont confrontées. Ainsi, les mauvaises herbes exposées au glyphosate y sont devenues résistantes. La principale conséquence de ce phénomène est que certaines espèces d’adventices sont devenues invasives, et ce, même dans les écosystèmes naturels.

Le glyphosate, un cancérigène probable ? Quels sont les risques sanitaires ?

En 2015, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé le glyphosate comme produit cancérigène probable. Suite à ce classement, d’autres études, notamment celles de l’AESA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) et de l’ECHA (European Chemical Agency) ont conclu que le glyphosate n’est pas un cancérigène probable.

Il apparaît donc que les conclusions autour des risques sanitaires sur le glyphosate sont confuses. En outre, la mise en place des études concernant les effets cocktails du glyphosate et de ses tensioactifs est complexe et coûteuse. Le principal effet cocktail à étudier est le rôle du glyphosate en tant que perturbateur endocrinien.

Les impacts environnementaux

Au-delà de l’impact sur la santé, le glyphosate a des effets néfastes sur l’environnement. Diverses études prouvent les risques environnementaux liés à l’utilisation du glyphosate. Les principales conclusions de ces analyses sont que le glyphosate contribue activement à :

  • la destruction de plantes dont se nourrissent les insectes, ce qui mène à l’effondrement de populations d’insectes, mais aussi d’oiseaux, de batraciens et de petits mammifères. Ces espèces sont liées aux insectes dans la chaîne alimentaire ;
  • la réduction du taux de matière organique dans les sols ;
  • la dégradation du phytoplancton, la base de la chaîne alimentaire marine ;
  • un risque d’intoxication directe pour des petits animaux, vertébrés et invertébrés, qui se trouvent dans les champs au moment de l’utilisation du glyphosate.

Par ailleurs, l’utilisation du glyphosate couplée à celle d’antibiotiques favorise les effets d’antibiorésistance. En d’autres termes, utiliser du glyphosate et des antibiotiques se traduit par une résistance d’infections bactériennes aux traitements qu’on peut leur imposer.

Concernant les études sur les impacts environnementaux liés au glyphosate, il en manque. Dans les faits, les études détaillées ne sont que très récentes et n’ont donc pas forcément encore rendu leurs verdicts. Pourtant, le besoin en information est grandissant. Ce besoin est d’autant plus important que le glyphosate est désormais présent dans la plupart des écosystèmes.

Quelques chiffres clés

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25%

La part de marché mondiale du glyphosate sur le segment des herbicides s’élève à 25%.

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2000

Commercialisé par Monsanto dès 1974, le glyphosate est tombé dans le domaine public en 2000.

Le point sur les interdictions et le contrôle de l’utilisation du glyphosate

Suite aux diverses accusations et suspicions concernant le glyphosate, certains pays décident de contrôler son usage, voire de l’interdire. La suite de cet article permet de faire le point sur les interdictions et le contrôle de l’utilisation du glyphosate à travers le monde.

Les interdictions partielles

Dans diverses régions du monde, l’utilisation du glyphosate est contrôlée, interdite partiellement ou totalement. Ces contrôles sont effectués selon certaines variables. Ils se basent notamment sur :

  • les types de plantes cultivées ;
  • les adventices présentes dans les cultures ;
  • la sensibilité des agences sanitaires.

Le contrôle de l’usage du glyphosate peut se faire sur la quantité utilisée, la période d’utilisation ou encore les limites maximales de résidus (LMR).

Voici quelques exemples d’interdiction du glyphosate dans le monde :

Pays/région Mesures prises contre l’usage du glyphosate
Suisse l’usage pour la dessiccation, donc la pulvérisation avant récolte est interdit
Canada la pulvérisation de glyphosate est interdite
Québec il est interdit d’utiliser le produit à proximité des eaux superficielles
Salvador interdiction totale du glyphosate en 2013, mais les autorités sont revenues sur la réglementation pour l’assouplir en 2015
Sri Lanka il est interdit d’importer et d’utiliser du glyphosate depuis 2015. Cette interdiction a été levée pour la culture du thé et de l’hévéa quelque temps plus tard

Quid d’une interdiction totale du glyphosate ?

Face aux effets néfastes du glyphosate, une question revient fréquemment : pourquoi ne pas interdire totalement l’usage du produit ? Il apparaît que la réponse à cette interrogation n’est pas si simple. Dans les faits, l’interdiction du glyphosate n’est pas que sanitaire, elle soulève des enjeux politiques et sociaux, ce qui en fait un sujet épineux.

En France, une promesse gouvernementale a été faite en 2017 : sortir de l’utilisation du glyphosate avant 2021-2022, un délai qui a été revu à la hausse en janvier 2019. Le plan de sortie du glyphosate engagé par le gouvernement prévoit en effet une diminution progressive et une sortie, au mieux, en 2024.

En attendant de se défaire complètement du glyphosate, des interdictions partielles ont été mises en place en France. C’est le cas pour :

  • les collectivités territoriales, qui ne peuvent plus utiliser le glyphosate pour l’entretien des voiries et des espaces verts ;
  • les particuliers, qui ne peuvent plus acheter de glyphosate pour le jardinage ;
  • les vignerons, qui n’ont plus le droit d’utiliser le Roundup 360 Pro dans les vignes.

Concernant l’Union Européenne, en 2017, elle renouvelle de justesse l’homologation du glyphosate jusqu’en 2022.

Pour ce qui est des États-Unis, les agriculteurs américains ont une double dépendance face au glyphosate. Dans les faits, ils utilisent ce produit sur des semences OGM conçues pour y résister. Cette pratique augmente leur dépendance aux productions de Bayer-Monsanto, mais aussi la quantité de produits déversée année après année. Cependant, des mesures ont été prises concernant l’usage du glyphosate aux États-Unis :

  • une condamnation majeure du groupe Bayer-Monsanto a eu lieu au moment de l’affaire Dewayne Johnson, qui a recensé 5 000 plaintes similaires ;
  • pas d’interdiction fédérale, mais des interdictions partielles du Roundup et d’herbicides proches ont été mises en place dans certains États.

Quel que soit le pays ou la région touchée par une interdiction du glyphosate, cette directive doit s’accompagner de changements radicaux dans les pratiques agricoles. En effet, pour pallier le manque de glyphosate dans les cultures, il est de mise de :

  • mettre un terme aux OGM, pour limiter le développement d’adventices résistantes et invasives ;
  • soutenir le développement de l’agriculture biologique ;
  • mettre fin à l’agriculture intensive, qui est très dépendante des produits chimiques tels que le glyphosate.

La solution qui permettrait de s’affranchir totalement du glyphosate, et donc de ses effets négatifs, serait de revenir à la culture de parcelles plus petites. Cela permettrait finalement de limiter l’appauvrissement des sols, de renouveler les niches écologiques, de réduire la mécanisation de l’agriculture, de repeupler les zones rurales, etc.

Le saviez-vous ?

La formulation chimique du glyphosate est C3H8NO5P. Cette molécule de synthèse, comme son appellation l’indique, ne peut pas être retrouvée dans l’environnement naturel.

Ce qu’il faut retenir 

Le glyphosate est un produit phytosanitaire dont la commercialisation a été lancée par Monsanto, sous le nom de Roundup. Ses effets négatifs sont nombreux et c’est pourquoi ce pesticide est très controversé. Au cœur de divers débats, l’utilisation du glyphosate est contrôlée, ou interdite, dans des pays du monde entier.

Les +
  • certaines études arrivent à prouver le risque sanitaire que représente le glyphosate, ce qui permet à l’opinion publique, quelques ONG et certains partis politiques de mener la bataille réglementaire pour l’interdiction du glyphosate ;
  • le danger environnemental causé par l’utilisation du glyphosate est de plus en plus documenté, fournissant des arguments supplémentaires en faveur d’interdictions partielles ou totales de la molécule.
Les -
  • les lobbies industriels, les institutions et les principaux utilisateurs du glyphosate font front commun pour maintenir l’autorisation d’utilisation du glyphosate, un produit rentable et d’usage facile ;
  • la recherche scientifique, tant sur les aspects sanitaires qu’environnementaux, avance très lentement. Les effets du glyphosate, de ses tensioactifs, de ses produits de dégradation et des effets cocktails combinés sont particulièrement complexes à modéliser et à reproduire dans des expériences.