Manger bio est-il forcément plus onéreux ?
À l’heure où la Terre vit à crédit, il semble essentiel de s’interroger sur notre mode de vie et sur notre empreinte écologique. Le Global Footprint Network, un institut de recherche international, a annoncé que, depuis le 29 juillet 2019, l’humanité a puisé l’ensemble des ressources naturelles de la Terre. Ainsi, l’humanité émet désormais plus de gaz à effet de serre que la Terre n’est en capacité d’absorber. Face à cette situation plus que délicate, de nombreuses personnes soucieuses de leur alimentation et de leur empreinte écologique décident de consommer bio. Toutefois, l’alimentation biologique est plus onéreuse que l’alimentation conventionnelle. Ce coût plus élevé explique, qu’aujourd’hui, une partie de la population hésite encore à se “convertir” au bio.
Qu’est-ce que l’alimentation biologique ?
L’alimentation biologique peut se définir comme étant tous les produits alimentaires issus de l’agriculture ou de l’élevage ayant reçu le label agriculture biologique (AB). Beaucoup de consommateurs se demandent ce qu’est le label agriculture biologique. Tout d’abord, il s’agit d’un label français qui a été créé en 1985. Il est fondé sur l’interdiction d’utiliser des produits chimiques de synthèse pour les agriculteurs et éleveurs voulant la mention “bio”.
La réglementation sur l’agriculture biologique vise à mettre en place des modes de production respectueux des écosystèmes. Ainsi, qu’il s’agisse de culture ou d’élevage, l’alimentation biologique doit respecter un certain nombre de réglementations. L’agriculture bio apparaît alors comme un mode de production qui exclut toute utilisation :
- d’OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) ;
- de produits chimiques de synthèse.
Bien que l’agriculture biologique exclue un certain nombre de produits chimiques, elle utilise tout de même des produits phytosanitaires. Dans les faits, ce type de culture limite l’usage d’insecticides ou d’engrais, mais en a quand même besoin pour être viable.
Dans le but de faciliter la circulation des produits biologiques au sein de l’Union Européenne, un label bio européen a été mis en place en 2010. Ce label européen est d’ailleurs destiné à remplacer, à terme, le label AB.
Quelques chiffres clés
Le label biologique européen garantit qu’au moins 95% des ingrédients d’un produit sont d’origine biologique.
C’est le nombre d’échantillons de produits bio analysés contenant des traces de pesticides. Sur le même nombre de produits analysés, 37,74% des fruits et légumes issus de l’agriculture intensive présentent des traces de pesticides (études conduites par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments).
En moyenne, les produits biologiques diététiques sont 7% moins chers que leurs équivalents conventionnels.
Pourquoi l’alimentation biologique coûte-t-elle plus cher que l’alimentation conventionnelle ?
C’est un fait, l’alimentation biologique coûte plus cher que l’alimentation conventionnelle. Cette différence de prix s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le prix d’achat d’un aliment biologique est plus élevé que celui d’un aliment conventionnel. En effet, une agriculture ou une ferme biologique demande bien plus d’investissements que tout autre mode de production. Le coût du bio s’explique par différents facteurs :
- l’absence de pesticides et d’engrais chimiques qui diminue les rendements ;
- l’interdiction d’utiliser des antibiotiques dans les élevages, qui rend la croissance des animaux d’élevage “naturelle” et diminue donc les rendements (un bœuf atteint un poids adulte à 3 ans dans un élevage biologique, contre 18 mois dans les fermes conventionnelles) ;
- l’alimentation biologique et sans pesticide coûte plus cher aux éleveurs bio ;
- l’absence de produits chimiques implique une main-d’œuvre plus importante et des coûts supplémentaires, notamment pour l’entretien des surfaces agricoles ;
- la certification bio demande des contrôles réalisés par des organismes spécifiques aux frais des agriculteurs bio ;
- les surfaces agricoles biologiques sont plus petites ;
- la distribution de l’alimentation biologique implique un coût supplémentaire car elle doit être stockée à part pour ne pas être mélangée aux produits conventionnels.
Il existe des pesticides naturels. C’est ceux-ci qui sont utilisés par l’agriculture biologique. Ce type de produits phytosanitaires a moins de conséquences sur l’environnement et sur la santé de l’Homme. Dans les faits, les pesticides chimiques sont au cœur des débats car ils ont des effets qui peuvent être dévastateurs, autant sur la planète que sur notre santé.
Manger bio ? Oui, mais pas que !
Si l’alimentation biologique est plus chère que l’alimentation conventionnelle, cela s’explique par les investissements importants que doivent effectuer les agriculteurs bio. Il est donc naturel que ces investissements se répercutent sur le prix de vente final.
Il convient également de souligner qu’une alimentation responsable peut entraîner un changement d’habitudes alimentaires. En changeant ses habitudes alimentaires, il est possible de manger bio à moindre coût. Dans les faits, éviter de consommer des produits transformés et privilégier une consommation locale et de saison permet notamment de :
- faire des économies ;
- réduire son empreinte écologique ;
- conserver une bonne santé.
En revanche, en privilégiant les circuits courts, l’alimentation biologique peut être moins chère qu’en se fournissant en grande surface. Concernant les fruits et légumes, un panier bio en supermarché coûte près de 10 euros de plus que le même panier dans un magasin bio. À savoir que cette donnée est valable pour les magasins qui favorisent les approvisionnements locaux et qui disposent de chaînes de production optimisées.
Manger bio est plus cher que les aliments conventionnels, mais ce type d’alimentation présente divers avantages. Parmi les principaux bénéfices conférés par l’alimentation biologique figurent notamment le respect de la planète et de l’environnement en général, mais aussi la préservation de sa santé.
Quel avenir pour le bio ?
Il apparaît que l’alimentation biologique est un marché en pleine croissance. Dans les faits, le marché de l’alimentation bio croît de 46,22% entre 2015 et 2019. Aussi, aux mêmes dates, les surfaces agricoles biologiques augmentent d’environ 50%. Il existe donc un véritable engouement pour le bio, mais quel est l’avenir de ce type d’alimentation et de production ?
Il est important de noter que tout agriculteur qui souhaite convertir sa surface agricole au bio doit passer par une période de conversion qui dure deux ans. C’est seulement après ces deux années qu’il obtiendra une terre complètement saine. Ce délai engendre alors un décalage permanent entre l’offre et la demande d’alimentation biologique. Toutefois, la demande étant en croissance permanente, il est possible, qu’à l’avenir, les prix de l’alimentation biologique diminuent. Dans les faits, l’augmentation de la production bio devrait se traduire par :
- la baisse des coûts de logistique ;
- l’augmentation des circuits courts.
Finalement, si l’alimentation bio est plus chère que l’alimentation conventionnelle à l’instant T, il reste important de raisonner sur le long terme. De ce point de vue, l’alimentation conventionnelle est certes moins coûteuse, mais elle inflige de lourds troubles à nos écosystèmes et à notre santé (pollution des terres et des eaux, dérèglements chez certaines espèces, maladies, etc.). La prise en charge de ces troubles, comme la dépollution des eaux par exemple, est imputée directement aux contribuables.
- manger bio permet de réduire son empreinte carbone ;
- la production biologique n’utilise pas de pesticides chimiques, ainsi consommer bio suppose de respecter la planète ;
- l’alimentation bio permet de limiter les risques de maladies liées à l’usage de produits chimiques dans les cultures et élevages.
- l’agriculture biologique n’est pas forcément synonyme d’une empreinte carbone faible (certains produits bio sont importés de pays situés à l’autre bout du monde) ;
- le prix des aliments biologiques reste aujourd’hui plus élevé que ceux de l’alimentation conventionnelle ;
- transformer une agriculture en élevage biologique suppose des investissements financiers assez lourds et un temps d’adaptation d’environ 2 ans.
Cultures et compagnies : 6 astuces pour manger bio sans payer plus cher
Le Parisien : Plus cher, meilleur pour la santé, labels… Le vrai du faux du bio
Capital : Les produits bio sont encore plus chers qu’on le pensait
France Info : Consommation : manger bio coûte-t-il vraiment plus cher ?
Biolineaires : Ne pas manger bio, ça coûte très cher