Comment les pesticides se retrouvent-ils dans l’air ?

Avant de s’intéresser à leurs effets, il est de mise de se demander comment les pesticides se retrouvent dans l’air.

Durant l’épandage, en fonction des conditions météorologiques et des méthodes d’application, un certain nombre de pesticides ne se déposent pas sur les aires traitées. Il semblerait qu’entre 25 et 75% des pesticides utilisés pour traiter une zone ne s’y déposent pas. Ainsi, les produits phytosanitaires de synthèse contaminent l’air, les brouillards et les pluies. En outre, certains pesticides sont appliqués sous forme de poudres, ce qui les rend davantage volatils. Ce type de produit phytosanitaire peut adhérer, entre autres, aux particules de poussière.

Les conditions météorologiques au moment de l’application des pesticides influencent leur propagation dans l’air. Par exemple, une faible humidité relative et une température élevée provoquent une augmentation de l’évaporation des produits phytosanitaires pulvérisés.

Les pesticides peuvent alors s’introduire dans l’air durant leur application, mais aussi après leur dépôt. Dans les faits, il est possible que ces produits chimiques se volatilisent ou se diffusent dans l’air par des phénomènes d’érosion. Cette volatilité se vérifie, quelle que soit la nature de l’usage des pesticides. Les pesticides se répandent hors de la zone d’application, qu’ils soient utilisés par :

  • des agriculteurs ;
  • des particuliers (jardinage, traitement des animaux, etc.) ;
  • des municipalités (entretien des parcs, de la voirie, des cimetières, etc.).

L’AASQA (Association Agréée de Surveillance de Qualité de l’Air) démontre la présence de pesticides dans l’atmosphère. Sur les études menées, 114 substances actives sont détectées, ce qui correspond à 67% des pesticides recherchés. En outre, certaines substances chimiques se retrouvent dans 100% des prélèvements.

Quelques chiffres clés

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90%

Sur les sols humides, le pourcentage de pesticides ne se déposant pas sur les zones traitées peut atteindre 90%.

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80%

Le lindane, insecticide interdit en France depuis 1998, est présent dans près de 80% des échantillons d’air ambiant testés par une étude.

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50%

Le glyphosate se retrouve dans 50% des échantillons d’air traités dans le cadre d’une étude.

Pesticides dans l’air : les dangers pour la santé

Les pesticides, qu’ils soient dans l’eau ou dans l’air, représentent un danger pour la santé. Il existe deux formes d’intoxication liées aux produits phytosanitaires de synthèse. Dans les faits, vous pouvez être victime d’une intoxication aiguë ou chronique après avoir été en contact avec des pesticides.

L’intoxication aiguë se manifeste après avoir été exposée de façon intensive aux pesticides sur une courte durée. Ce type d’intoxication peut être très violent et il ne doit pas être ignoré. Les principaux symptômes d’une intoxication aiguë liée aux pesticides sont :

  • une grande fatigue ;
  • des nausées ;
  • un mal de tête persistant ;
  • des vomissements ;
  • diverses douleurs musculaires ;
  • de l’eczéma, etc.

Par ailleurs, l’intoxication aiguë après une exposition aux pesticides peut s’accompagner d’un risque cutané ou encore d’un risque oculaire.

Pour ce qui est des intoxications chroniques, elles apparaissent après une longue exposition aux pesticides. Ce type d’intoxication peut provoquer diverses maladies comme :

  • l’asthme ;
  • du diabète ;
  • des cancers ;
  • l’infertilité ;
  • des malformations ;
  • des troubles neurologiques (Parkinson, Alzheimer, etc.).

Tous ces risques peuvent s’expliquer par le fait que les pesticides sont des perturbateurs endocriniens. En d’autres termes, ils imitent le comportement de nos hormones et génèrent des troubles hormonaux.

Le fait que l’air contienne des pesticides suppose donc que les personnes y sont exposées en permanence. Ainsi, l’un des effets des pesticides dans l’air se matérialise par un des risques sanitaires pour toute personne en contact avec l’air, donc tout le monde. Bien que certaines victimes des pesticides puissent obtenir une indemnisation, les procédures sont longues et incertaines.

Le saviez-vous ?

En milieu rural, durant l’épandage aux endroits proches des parcelles traitées, les concentrations de pesticides maximales peuvent être jusqu’à 100 fois supérieures à celles observées en situation de fond. Les agriculteurs et les populations riveraines sont alors très touchés par la diffusion des pesticides, d’autant plus qu’ils se propagent facilement dans l’atmosphère.

La législation par rapport aux pesticides dans l’air

Face aux conséquences des pesticides, qui peuvent être dévastatrices, les consommateurs et associations qui luttent contre les pesticides font entendre leurs voix. Ainsi, des législations visant les pesticides entrent en vigueur, mais quelles sont ces lois et s’adressent-elles aux résidus dans l’air ?

Il apparaît que les pesticides dans l’eau et dans les denrées alimentaires doivent être mesurés pour répondre à certaines normes européennes existantes depuis plus de 30 ans. En revanche, concernant les pesticides dans l’air, aucune réglementation ne les mentionne. Il n’existe pas de plan de surveillance national, ni de limite réglementaire sur les concentrations de pesticides dans l’air, alors que leurs effets peuvent être véritablement néfastes.

Depuis les années 2000, la plupart des Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) mesurent la concentration de pesticides dans l’air. Ces mesures sont effectuées dans le but d’établir un état des lieux qui permettra de faire émerger de nouvelles lois. Le fait de ne pas encadrer légalement le taux de pesticides dans l’air démultiplie les effets des produits phytosanitaires puisqu’ils sont de plus en plus nombreux.

Ce qu’il faut retenir 

Les pesticides sont très volatiles : il suffit d’un coup de vent ou qu’il pleuve pour qu’ils se déplacent. Ils peuvent alors facilement se retrouver dans les cours d’eau, mais aussi stagner dans l’air en raison de leur très faible biodégradabilité. Les effets des pesticides dans l’air peuvent alors être extrêmement dangereux pour la flore, la faune et l’Homme.

Les +
  • il existe aujourd’hui des alternatives aux pesticides chimiques, ce sont des pesticides naturels, qui ne polluent pas ;
  • la prise de conscience écologique devrait viser à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse sur les prochaines années ;
  • de nombreuses associations viennent en aide aux victimes des pesticides.
Les -
  • les pesticides sont présents dans l’air, même s’ils ne sont plus utilisés depuis de nombreuses années. Certains de ces produits sont très peu biodégradables et restent donc très longtemps dans l’air ;
  • les risques d’une forte exposition aux pesticides peuvent être très graves ;
  • la France est un très grand consommateur de pesticides chimiques.