Les recours juridiques en cas de maladie due aux pesticides
Les intoxications aux pesticides chimiques peuvent être immédiates ou chroniques. Quel que soit le problème rencontré suite à un contact avec ces produits de synthèse, il existe des recours juridiques. Si la personne concernée est un agriculteur, il est envisageable de faire reconnaître la pathologie en maladie professionnelle. Dans le cas où il s’agit d’un riverain, les choses se compliquent davantage. Quels sont les recours juridiques envisageables en cas de maladie due aux pesticides ?
Les effets des pesticides sur la santé
Les pesticides sont des produits qui peuvent être chimiques ou d’origine naturelle. Lorsqu’il s’agit de produits phytosanitaires de synthèse (pesticides chimiques), différents effets négatifs leur sont liés. Il est possible de subir des effets directs ou indirects après avoir été exposé à des pesticides chimiques.
Parmi les conséquences négatives liées aux pesticides chimiques figurent notamment :
- des allergies ;
- de l’asthme ;
- des maux de tête récurrents ;
- une fatigue répétée ;
- des symptômes Parkinsoniens, la maladie de Parkinson ;
- la maladie d’Alzheimer ;
- des troubles autistiques, etc.
Vous l’aurez compris, les effets des pesticides sur la santé de l’Homme peuvent être dévastateurs. Par ailleurs, la faune et la flore souffrent également des conséquences négatives des pesticides chimiques.
Quelques chiffres clés
En 2017, 70 603 tonnes de pesticides ont été vendues en France.
Chaque année, 385 millions de personnes sont intoxiquées par les pesticides à travers le monde.
Le nombre de morts liées aux pesticides gravite autour des 200 000 par an, dans le monde entier.
Les voies d’action et les recours juridiques disponibles pour les professionnels
Les agriculteurs sont les premiers professionnels victimes des pesticides, car ils sont en contact direct avec ces produits chimiques. Attention, il ne faut pas pour autant oublier les autres métiers supposant une exposition aux pesticides (traitements phytosanitaires, transport de produits traités, travail avec des produits antiparasitaires, etc.).
Il existe des recours juridiques pour les professionnels ayant été en contact avec des pesticides chimiques. Quelle que soit la voie d’exposition aux produits de synthèse, les professionnels peuvent essayer de trouver des solutions pour obtenir réparation du dommage subi. La principale voie d’action est de faire reconnaître la pathologie en maladie professionnelle. Dans les faits, cette méthode permet d’accéder au fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, mis en place récemment grâce aux actions d’associations telles que Phyto-Victimes.
Bien que la reconnaissance en maladie professionnelle soit le recours le plus habituel en cas de contact avec des pesticides, il reste compliqué de l’obtenir. Dans les faits, très peu de pathologies sont aujourd’hui reconnues comme des maladies liées aux pesticides. Il s’agit :
- des hémopathies malignes qui correspondent au lymphome malin non hodgkinien, au myélome multiple et à la leucémie lymphoïde ;
- de la maladie de Parkinson ;
- des cancers de la vessie, du poumon, du sang, etc.
Concernant l’indemnisation des professionnels victimes de pesticides, elle est partielle. En effet, les soins liés à la pathologie développée à cause des produits phytosanitaires de synthèse sont pris en charge, mais l’indemnisation de la victime n’est pas complète.
Il est possible de se faire accompagner par des associations dans vos démarches pour obtenir réparation ou reconnaissance après une exposition aux pesticides. Par exemple l’association Phyto-Victimes accompagne les agriculteurs et leurs proches dans :
- la démarche de reconnaissance en maladie professionnelle ;
- la responsabilité des industriels.
Riverains victimes des pesticides, quels sont les recours juridiques possibles ?
Concernant les riverains exposés aux pesticides, il reste très compliqué d’obtenir réparation du dommage. Dans les faits, il existe des réglementations sur les pesticides, mais elles ne sont pas suffisantes pour protéger les riverains d’un arrosage constant de produits chimiques. Par exemple, l’épandage de pesticides à proximité des habitations ne peut pas être fait n’importe comment. L’arrêté du 29 décembre 2019 encadre la pulvérisation de pesticides chimiques aux alentours des habitations. Ainsi :
- les pesticides considérés comme les plus dangereux ne peuvent être pulvérisés à moins de 20 mètres des habitations ;
- les produits phytosanitaires de synthèse liés à la viticulture, l’arboriculture ou encore aux petits fruits doivent être appliqués à 10 mètres minimum des habitations ;
- les pesticides chimiques liés aux autres cultures ne peuvent pas être appliqués à moins de 5 mètres des habitations.
L’un des recours possibles pour les riverains victimes des pesticides est de porter plainte. Ce recours n’est envisageable que dans le cas où l’agriculteur n’aurait pas respecté les réglementations en vigueur dans la commune. Par exemple, en termes de réglementations, il est possible que l’utilisation d’un pesticide soit interdite si le vent a un degré d’intensité supérieur à un certain seuil sur l’échelle de Beaufort.
Par ailleurs, il est possible d’invoquer un trouble du voisinage anormal pour les riverains victimes de pesticides après avoir :
- fait constater la situation par un huissier ;
- analysé des résidus de pesticides dans les végétaux d’un jardin particulier ;
- détecté des résidus de produits phytosanitaires de synthèse dans les cheveux de plusieurs riverains.
Malgré tout, il est essentiel de rappeler qu’il est, malheureusement, très compliqué de se faire reconnaître comme victime des pesticides en tant que riverain.
Il existe différents recours en justice pour les professionnels victimes des pesticides. Les riverains, quant à eux, ont aussi plusieurs possibilités, mais elles sont, bien souvent, moins fructueuses. Bien que les professionnels victimes des pesticides soient généralement plus écoutés, leur reconnaissance et leur indemnisation restent très compliquées.
- certaines associations travaillent sur l’indemnisation des victimes et se battent pour de meilleures réparations des dommages liés aux pesticides ;
- il est possible de se faire accompagner par des associations spécialisées dans la question des pesticides chimiques ;
- l’agriculture biologique est en plein essor en France et devrait limiter l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse.
- il reste très difficile pour les professionnels victimes des pesticides d’obtenir réparation ;
- l’indemnisation potentielle des victimes des produits phytosanitaires de synthèse est partielle ;
- les riverains ont énormément de mal à être reconnus comme victimes des pesticides.
Le Monde : Les chiffres noirs des ventes de pesticides « extrêmement dangereux »
Reporterre : Pesticides : 385 millions d’intoxications chaque année dans le monde
Santé Publique France : Pesticides
Ministère des Solidarités et de la Santé : Pesticides
Statista : Les pesticides – Faits et chiffres
Ministère de la Transition Écologique : Pesticides
Phyto-Victimes : Symptômes et maladies liées aux pesticides, ce qu’il faut savoir