L’utilisation des pesticides en France, ce qu’il faut savoir

Si l’utilisation des pesticides est au cœur des débats, elle n’est pas pour autant inexistante. Dans les faits, l’agriculture intensive est très gourmande en pesticides chimiques et elle est à ce jour la forme d’exploitation la plus répandue en France. Ainsi, l’utilisation des pesticides de synthèse est loin d’être en voie d’extinction, malgré quelques efforts.

Pourquoi l’utilisation des pesticides chimiques est-elle controversée ?

Tout d’abord, il est possible de classer les pesticides en deux grandes familles : les pesticides chimiques et les pesticides naturels. Ceux qui posent problème sont les pesticides chimiques, aussi appelés de synthèse. Le majeur problème de ces produits phytosanitaires repose sur leur composition. Il s’agit en effet de produits chimiques pouvant avoir de très lourdes conséquences sur l’environnement et sur la santé des Hommes.

Parmi les conséquences les plus connues de l’utilisation et/ou de l’exposition aux pesticides chimiques figurent notamment :

  • de lourds problèmes de santé : maladie de Parkinson, infertilité, cancers, etc. ;
  • divers effets néfastes sur la planète : déséquilibre de la chaîne alimentaire à cause de diverses espèces en voie de disparition (insectes, oiseaux, rongeurs, etc.), destruction des plantes situées à proximité des cultures traitées, etc.

Quelques chiffres clés

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+25%

L’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse a augmenté de 25% en France entre 2008 et 2018, et ce, malgré les mesures prises lors du Grenelle de l’Environnement.

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99%

En 2017, 99% des surfaces de cultures de pommes de terre recevaient un traitement herbicide en France.

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70 000 tonnes

70 000 tonnes, c’est le nombre total de pesticides vendus en France en 2017.

Quelles sont les mesures du gouvernement concernant les pesticides en France ?

Le gouvernement français semble essayer de prendre des mesures concernant l’utilisation des pesticides. Toutefois, les engagements pris ne sont pas assez stricts aux yeux de nombreux citoyens et associations. Pourtant, plusieurs plans d’action sont déployés, il est notamment possible de citer les :

  • Grenelle de l’Environnement ;
  • plan Ecophyto ;
  • plan Ecophyto II+.

Le but du Grenelle de l’Environnement, et plus précisément du plan Ecophyto, était de réduire l’utilisation des pesticides de 50% en 10 ans. Le résultat est finalement catastrophique puisque l’usage des pesticides chimiques a augmenté de 25% durant ces années. Ainsi, il semblerait que les consommateurs aient raison : les mesures prises par le gouvernement concernant les pesticides de synthèse ne sont pas assez strictes.

Quelques années plus tard, le plan Ecophyto II+ est lancé. Celui-ci vise toujours à réduire l’utilisation des pesticides chimiques. Parmi les dispositions du plan Ecophyto II+ luttant contre l’usage des produits phytosanitaires de synthèse figurent notamment :

Le saviez-vous ?

Connaissez-vous le Glyph’Award ? Il s’agit, bien sûr, d’une récompense ironique, qui est décernée aux départements achetant le plus de glyphosate. Le but de cette cérémonie ironique est d’encourager les agriculteurs à abandonner le glyphosate, herbicide largement controversé.

Où en est le dossier sur le glyphosate en France ?

Le glyphosate fait partie des pesticides ayant le plus fait débat. Ce produit, mis à l’honneur par Monsanto à travers son très célèbre Roundup, a eu des effets dévastateurs sur la faune, la flore et l’Homme. Aujourd’hui, certaines mesures ont été prises à travers le monde, mais où en est-on concernant le glyphosate en France ?

Le glyphosate, retour sur ce pesticide de synthèse chimique

Le glyphosate est un pesticide chimique dont l’usage a été très controversé en France et partout à travers le monde, mais qu’est-ce que ce produit ? Tout commence en 1974, quand l’entreprise Monsanto commercialise le Roundup, un produit vendu comme étant un herbicide et qui se compose majoritairement de glyphosate. Le succès du Roundup ne se fait pas attendre puisqu’il devient rapidement l’herbicide le plus utilisé dans le monde.

Le succès du glyphosate de Monsanto est dû à son efficacité et au gain d’énergie qui lui est associé. En effet, une simple pulvérisation sert à éliminer les adventices qui peuvent détruire les cultures. À savoir que le glyphosate est aussi bien utilisé par les particuliers que par les professionnels, ce qui décuple son utilisation dans le monde.

Malgré l’efficacité du Roundup, le produit pénètre mal les plantes et ne se fixe pas à leur surface. Il est donc, bien souvent, nécessaire de coupler l’usage du glyphosate à des tensioactifs dont la toxicité est mal étudiée et, surtout, mal connue. Diverses conséquences découlent de ce mélange détonant : risques cancérigènes, perturbations endocriniennes, etc.

Quelques années plus tard, les consommateurs, associations et professionnels commencent à prendre conscience que le glyphosate est néfaste. Dans les faits, plusieurs maladies sont détectées et considérées comme liées à l’usage du Roundup. Par ailleurs, il apparaît aussi que le glyphosate est tellement puissant qu’il attaque non seulement les adventices, mais aussi les plantations aux alentours des cultures traitées. Malgré cela, il existe à ce jour des organismes soutenant les pesticides chimiques, et notamment le glyphosate.

Ce qu’il faut retenir 

Certaines mesures sont prises en France pour essayer de réduire l’usage des pesticides chimiques, et notamment du glyphosate (interdiction d’utiliser du glyphosate pour les particuliers depuis le 1er janvier 2019 par exemple). En revanche, malgré ces restrictions, les pesticides chimiques sont toujours utilisés dans les cultures, et cela ne semble pas vraiment s’améliorer.

Zoom sur les restrictions et l’interdiction du glyphosate en France

Suite aux découvertes des effets néfastes du glyphosate, des études sont menées. Le résultat est sans appel : le glyphosate est classé comme cancérigène probable par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en 2015. Par la suite, d’autres organismes font des analyses sur le Roundup. En revanche, les résultats de celles-ci ne sont pas ceux espérés par les anti-glyphosate :

  • l’AESA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) déclare que le glyphosate n’est pas un cancérigène probable ;
  • l’ECHA (European Chemical Agency) atteste également que le composant principal du Roundup n’est pas un cancérigène probable.

Bien que les résultats de certaines études jouent en la faveur du glyphosate, le gouvernement français prend des engagements forts. En 2017, il est question de sortir de l’utilisation du glyphosate avant 2021-2022. Ce délai est ensuite revu à la hausse en janvier 2019, repoussant cette sortie à 2024 au plus tôt.

Pour accompagner cette sortie du glyphosate, qui suppose divers changements, quelques interdictions partielles ont été instaurées en France. C’est notamment le cas des :

  • collectivités territoriales, qui n’ont plus le droit d’utiliser le glyphosate pour l’entretien des espaces verts et des voiries ;
  • particuliers, qui ont interdiction d’utiliser du glyphosate pour leur jardin depuis le 1er janvier 2019 ;
  • commerces, qui n’ont donc plus le droit de vendre du Roundup ou tout autre produit contenant du glyphosate aux particuliers depuis début 2019 ;
  • vignerons, pour lesquels l’usage du Roundup 360 Pro est interdit dans les vignes.
Les +
  • il existe aujourd’hui des alternatives aux pesticides de synthèse, ce sont les pesticides naturels ;
  • les mesures prises contre l’usage du glyphosate et des pesticides chimiques sont de plus en plus nombreuses : la pression des associations semble fonctionner.
Les -
  • la sortie du glyphosate pour la France a déjà été repoussée, avec une estimation à 2024 au plus tôt au lieu de 2021-2022 ;
  • les recherches scientifiques sur les effets néfastes des pesticides chimiques avancent lentement car les effets cocktails de ces produits sont complexes à reproduire.